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emmanuel macron - Page 12

  • Corse : pour un fédéralisme à la française...

    Nous reproduisons ci-dessous une tribune de Jérôme Besnard, cueilli sur Figaro Vox et consacrée à la question corse. Jérôme Besnard est élu municipal et membre du conseil national des républicains.

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    Corse : pour un fédéralisme à la française

    Avouons d'entrée une peine certaine devant la gestion de la question corse par le Président de la République. Voir le président d'une région française soumis à une fouille avant de pouvoir assister au discours du chef de l'État est choquant. Gilles Simeoni s'inscrit dans une tradition politique revendicative mais nullement terroriste. Un demi-siècle de militantisme familial est là pour le prouver. Qui connaît Gilles Simeoni sait qu'il est de la trempe de ces militants régionalistes pour lesquels la violence symbolique, lorsqu'elle doit s'exercer, doit toujours demeurer au service de la raison. On pense bien entendu ici au FLB de Jean Bothorel ou au Mouvement Normand de Didier Patte. Pas à l'ETA ou aux dérives, savamment entretenues par certaines officines, du FLNC. Gilles Simeoni a la confiance et l'estime d'Hervé Morin, président de l'Association des régions de France qui est en train de réussir la fusion des deux régions normandes. C'est un avocat de profession, un humaniste au plus beau sens du terme. J'étais l'un des trois élus continentaux présents au rassemblement fondateur de Femu A Corsica le 29 juillet dernier à Corte. Je n'y ai rien constaté de séditieux ou de choquant pour notre commune décence politique française.

    L'absence de drapeau corse lors du discours d'Emmanuel est tout aussi stupide. On pense à l'étonnement du général de Gaulle face au drapeau malouin flottant au sommet de l'Hôtel de Ville de la cité corsaire: le rappel qui lui fut fait de l'indépendance de Saint-Malo au XVIe siècle lui fit convenir qu'il ne s'agissait pas là d'une offense à la République. Pensons aussi au discours du même général de Gaulle en langue bretonne à Quimper le 2 février 1969. Une intervention du chef de l'État en langue corse aurait eu un certain panache.

    La solution à la question corse n'est pas «girondine» pour la bonne raison que le girondisme n'est qu'un jacobinisme modéré. Les Girondins furent aux Jacobins ce que les Mencheviks furent aux Bolcheviks. La solution est à rechercher dans le trésor du fédéralisme français, si conforme au principe de subsidiarité. Le débat est ancien si l'on se réfère aux premiers écrits de l'Association normande d'Arcisse de Caumont (1831) ou à l'Association bretonne fondée en 1843. Même s'il a forcé le trait, on relira avec profit L'Ancien régime et la Révolution d'Alexis de Tocqueville. On se souviendra surtout que notre fête nationale du 14 juillet ne doit pas grand-chose à la prise de la Bastille mais tout à cette fête de la Fédération de 1790 que l'historien Marc Bloch plaçait au même niveau que le sacre de Reims dans la symbolique française.

    «La Corse est au cœur de la République» est venu dire Emmanuel Macron dans une de ces phrases creuses dont il a le secret. Non, la Corse n'est pas au cœur de la République, elle est un territoire insulaire, montagneux et en grande partie rural, situé non seulement en périphérie de la France métropolitaine mais au cœur de cette France périphérique si bien décrite par le géographe Christophe Guilluy, cette France qui doute de son avenir et qui ne se retrouve pas dans le discours de mondialisation heureuse qui a été celui du Président de la République depuis son émergence sur la scène politique nationale.

    Plutôt que d'invoquer des principes républicains aux contours souvent flous, on serait mieux inspiré d'en appeler à notre histoire commune depuis 1768 et l'achat de l'île à la République de Gênes par le roi Louis XV. Que l'on se souvienne des jours heureux et des peines communes, des batailles de Borgo et de Ponte-Novo, de la rivalité entre Bonaparte et Pozzo di Borgo, de la place centrale des Corses dans l'administration française, des sacrifices du 173e Régiment d'infanterie pendant la Première guerre mondiale. Allons écouter le vent dans les châtaigniers qui entourent la maison natale de Pascal Paoli à Morosaglia. Inclinons nous devant le sacrifice des goumiers marocains au col de Teghime. Saluons les deux églises, latine et grecque, de Cargèse. Pensons au dernier vol de Saint-Exupéry au départ de Poretta. Songeons au mariage de Romain Gary et Jean Seberg à Sarrola-Carcopino. Souvenons-nous de la Légion étrangère quittant Calvi pour aller libérer les Belges et les Français dans l'enfer de Kolwezi.

    Commémorons ces pages de l'histoire française qui ont fait de la Corse une île de notre pays. Donnons-nous les moyens institutionnels de la conserver dans le giron français en respectant sa culture et son peuple. Cela passe par l'ouverture d'un vrai dialogue avec Gilles Simeoni et ses amis que leurs succès électoraux accumulés depuis quatre ans revêtent d'une légitimité incontestable. Des outils juridiques et constitutionnels existent pour que la Corse résolve avec l'aide de la France ses problèmes culturels et économiques, qu'elle préserve ses paysages et qu'elle offre un avenir à sa jeunesse.

    Jérôme Besnard (Figaro Vox, 9 février 2018)

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  • Haro sur la liberté d’expression en France ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de l'Observatoire du journalisme à propos du dispositif de censure qui se renforce en France depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir.

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    Haro sur la liberté d’expression en France ?

    Le mercredi 3 janvier 2018, le président Macron annonçait sa volonté de lutter contre les « fake news » par la loi, en particulier en « périodes électorales ». Autrement dit, de contrôler la liberté d’expression dans les moments « démocratiques » stratégiques. Cette annonce suit de peu la mise en œuvre par Twitter de ses nouvelles conditions générales d’utilisation, lesquelles s’apparentent plutôt à de la censure qu’à une réglementation. Une sorte de soft-censure en marche.

    Avant l’annonce du président Macron, les restrictions de la liberté d’expression étaient déjà en cours sur les réseaux sociaux, Facebook et Twitter en particulier. Restrictions de la liberté d’expression en France ? On dira, halte à la paranoïa… et pourtant ?

    Le président Macron veut-il contrôler la liberté d’expression ?

    Dès la campagne présidentielle, le candidat Macron montrait une surprenante conception de la liberté de la presse et des médias, en n’autorisant par exemple que sa propre équipe de journalistes à le suivre et en donnant ensuite aux médias des images sous contrôle. Ce fut le cas lors de la visite à l’usine Whirlpool d’Amiens. En cette période où il convenait d’aider le candidat Macron à gagner, les médias officiels ne se sont offusqués de rien. Un peu plus quand le président a fait appel à Bruno Roger-Petit à l’Élysée. Dans l’ensemble, la convergence idéologique entre politiques et médias sociaux libéraux autorisait ces petits arrangements entre amis. Personne n’avait tiqué quand par exemple le candidat Macron avait accusé en mode rumeur les médias russes de s’immiscer dans la campagne électorale. En mode rumeur ? C’est-à-dire « fake news ». Qu’est-ce qu’une « fake news » ? Une nouvelle fausse diffusée volontairement. Ainsi, lancer une rumeur, jamais vérifiée depuis, sur l’implication de médias russes dans un processus électoral ou bien nier en direct à la télévision, lors du débat présidentiel, que l’on va baisser les APL une fois élu, cela peut être considéré comme la diffusion volontaire d’une fausse nouvelle. Du coup, la question se pose : qui va définir ce qu’est ou non une « fake news » ? Au fond, la « fake news » devient : simplement tout mode de pensée contestant le mode de pensée idéologique dominant, d’où ce sentiment d’une soft-censure en marche. Une forme de contrôle et de censure, non plus des médias officiels (ils sont déjà amplement contrôlés par le fait des subventions et par une communauté évidente d’idéologie) mais des médias alternatifs. C’est cela, l’objectif du président Macron quand il demande « des règles », un contrôle des « contenus » et qu’il affirme que « toutes les paroles ne se valent pas ». Il est du reste fort étonnant qu’une telle formule, en France, n’ait pas hérissé les cheveux des habituels défenseurs des droits de l’Homme. Il est vrai qu’à voir l’accueil réservé à un média différent tel que RT France, l’observateur comprend mieux l’absence de levée de bouclier contre la volonté présidentielle de contraindre l’opinion à une expression plus contrôlée. Comme Alain Juppé durant la primaire de la droite, Emmanuel Macron trouve que certains médias sont trop peu contrôlés, des médias comme RT France mais aussi les réseaux sociaux.

    Des réseaux sociaux de moins en moins sociaux ?

    La liberté d’expression semble menacée sur les réseaux sociaux. À l’instar des médias alternatifs, ils seraient le lieu de propagation de « fake news ». Ces « fake news » ne sont jamais, dans l’esprit des élites politico-médiatiques, le fait de médias officiels. Aucun média officiel, à les en croire, ne diffuserait jamais volontairement de fausse nouvelle. Qui peut aujourd’hui penser une chose pareille ? La preuve que les médias officiels diffusent de fausses nouvelles, volontairement, et sont très souvent amenés à défendre l’idéologie des élites au pouvoir, réside dans l’existence même des médias alternatifs : ils n’auraient aucune raison d’exister et d’être « alternatifs », si l’expression était libre et équitable au pays des prétendus droits de l’Homme. Alors, des réseaux sociaux mis sous contrôle ? Plus sûrement, des réseaux sociaux qui appartiennent au même courant idéologique, social libéral ou libéral libertaire, que les élites politico-médiatiques au pouvoir et qui, de ce fait, combattent insidieusement contre les modes de pensée autres. Il en va ainsi de Facebook, qui aurait fermé des comptes jugés défavorables au candidat Macron, durant les dernières présidentielles, souvent des profils d’individus reliés d’une manière ou d’une autre à des groupes anti-Macron. Les témoignages sont nombreux, le bulletin non conformiste Monarque 3.0 a ainsi vu sa page être fermée sans préavis, ainsi que les profils de ses animateurs, entre les deux tours. Cas isolé ? Impossible à vérifier, en termes de quantité. Cependant, certains médias alternatifs évoquent le nombre de 70 000 comptes Facebook fermés pour ne pas entraver l’En Marche du futur président. Et l’information selon laquelle la « modération » de Facebook confinerait de plus en plus à une forme de censure ne provient plus seulement des médias alternatifs. Libération s’en est par exemple fait l’écho en novembre 2017.

    Avec Twitter, il va falloir twitter droit

    Depuis mi-décembre 2018, Twitter est à l’avant-garde de la limitation de la liberté d’expression, appliquant de « nouvelles conditions d’utilisation », autrement dit de nouvelles règles du jeu. C’est ainsi que des dizaines de comptes ont été arbitrairement fermés à l’approche des fêtes de la fin de l’année 2017. À y regarder de plus près, ces comptes ont pour la majeure partie d’entre eux la particularité d’être classés à la droite de la droite, comptes de personnalités ou d’individus patriotes, souverainistes ou de la droite dite « hors les murs ». Autrement dit, c’est l’adversaire droitier de l’idéologie dominante qui est pourchassé. Après la suppression de celui de Génération Identitaire, l’exemple de « Pont d’Arcole » a fait un peu de bruit sur le net, d’autant que son animateur est vite réapparu, ayant prévu un « compte de secours ». La majeure partie des comptes visés par Twitter sont des comptes ayant un nombre d’abonnés à 5 chiffres. La presse s’en est très peu fait l’écho, sauf L’Obs, lequel défend le bien fondé de ces fermetures de comptes dits « d’extrême droite », de son point de vue. L’Obs a cependant bien du mal à justifier la fermeture de « Pont d’Arcole » : pour l’auteur de l’article, c’est un tweet de « Pont d’Arcole » proposant de dissoudre ou non les Femen qui aurait conduit à la suppression de son compte. On ne voit pas bien en quoi cette proposition de sondage aurait porté atteinte à la dignité humaine. Il est surprenant qu’aucun média officiel ne le relève : les comptes Twitter, mais aussi Facebook, fermés le sont sans avertissement, et surtout sans qu’à aucun moment leurs détenteurs aient été, d’une façon ou d’une autre, condamnés par la justice. C’est donc bien de délit d’opinion dont il s’agit : ces comptes sont fermés au mépris de l’État de droit, uniquement car leurs détenteurs défendent des opinions politiques ou sociétales qui ne correspondent pas à la doxa dominante, celle exprimée par le président de la République lors de ses vœux à la presse.

    Comment ne pas voir dans ce faisceau d’actions une sorte de volonté commune de limiter la liberté d’expression de qui ne pense pas « comme il faut » ? La situation est d’autant plus choquante qu’Emmanuel Macron, comme le patron de Twitter France, se targuent de défendre la liberté d’expression et de presse. N’est-ce pas ce patron de Twitter, celui qui ferme les comptes supposément droitiers, dont le propre compte porte en exergue la fameuse proposition de Voltaire…

    Sachant que les fermetures procèdent des délations d’autres détenteurs de compte, de gauche et organisés pour faire fermer les comptes, que dire d’un système de contrôle et de règles qui sont fondés, finalement, sur une délation à laquelle celle des heures pétainistes de la France n’a rien à envier ? Quand les militants de la tolérance pratiquent l’intolérance et la délation… avec le soutien indirect des élus de la Nation, ou celui direct des patrons des réseaux sociaux. Damien Viel a ainsi épinglé ce tweet, sous un large bandeau affirmant que « tweeter n’est pas un crime » : « Depuis le 18/12, pour continuer à mieux garantir un usage sûr et à chacun d’exercer son droit à s’exprimer librement, Twitter a mis en œuvre de nouvelles règles contre les conduites haineuses et les comportements abusifs. Chacun peut contribuer à leur mise en œuvre par des signalements ». Bienvenue en 1984, non ?

    Observatoire du Journalisme (8 janvier 2018)

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  • Être postmoderne ?...

    Les éditions du Cerf viennent de publier un essai de Michel Maffesoli intitulé Être postmoderne, avec une postface d'Hélène Strohl. Sociologue, ancien élève de Julien Freund et de Gilbert Durand, et penseur de la post-modernité, Michel Maffesoli est l'auteur de nombreux ouvrages marquants comme La violence totalitaire (1979), L'ombre de Dionysos (1982), Le temps des tribus (1988) ou La part du diable (2002). Il a récemment publié, avec Hélène Strohl, Les nouveaux bien-pensants (Editions du Moment, 2014). S'il est parfois irritant, Michel Maffesoli reste un auteur dont on ne peut nier la pertinence des intuitions et des anticipations...

     

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    " La postmodernité n’est pas un « concept » à la mode, c’est une manière de nommer le monde tel qu’il est, de comprendre les sociétés contemporaines plutôt que de les juger ou de dénier le changement. Pour appréhender l’actuel et le quotidien, Michel Maffesoli convoque les images, analyse les ambiances, et pénètre le climat de son époque. L’inventeur des notions de « tribalisme » et de « nomadisme » revient sur ces figures évocatrices de notre nouvelle manière d’être au monde : l’oxymore ou le fait d’être ceci et cela, le retour de l’enfant éternel (juvenoïa), la métapolitique et l’émergence de diverses formes de religiosité. Autant la modernité (xviie-xxe siècle) a été paranoïaque, autant la postmodernité est « épinoïaque » : non plus un homme éduqué pour être maître et dominateur, mais une co-initiation des hommes faisant partie intégrante de la nature.
    Une postface d’Hélène Strohl (Inspectrice générale honoraire des Affaires Sociales, IGAS) applique ces diverses caractéristiques sociétales à un homme politique contemporain, Emmanuel Macron, en se demandant si les habits postmodernes, grâce auxquels il a prétendu incarner l’imaginaire contemporain, en font une icône ou un fake. "

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  • « France is back ! » qu'il dit...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il commente l'actualité de manière décapante...

    Auteur de La confession négative (Gallimard, 2009) et de Tuer (Léo Scheer, 2015), Richard Millet a publié cet automne aux éditions Léo Scheer un roman intitulé La nouvelle Dolorès. Il doit publier en février son journal de l'année 1971 à l'année 1994.

     

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    France is out !

    « France is back ! » clame la propagande macronienne, dans la langue qu’on parle à Davos – celle de la prostitution internationale. En vérité, jamais la France n’a paru plus provinciale, insignifiante, malade – jusque dans ce slogan d’allure trumpienne, par lequel elle cherche à se vendre bien plus qu’à signaler son come back sur la scène politico-économique, dont le précédent tenancier de l’Élysée l’avait fort éloignée.

    C’est donc plutôt « France is out » qu’il faudrait dire, pour tant de raisons, dont la première est la médiocrité, voire le grotesque de son personnel politique. Ainsi n’est-ce pas la France qui est de retour mais bien plutôt les migrants, dont la condition est d’être tellement de retour qu’ils sont toujours là, les autres devenant les mêmes, avec leur cortège de bobos prompts à fustiger la « politique migratoire » de Macron : intellectuels, politiques, artistes, écrivaillons, cultureux, passeurs baba cools qu’on ne distingue plus des mafieux et des jihadistes – cette cohorte occupant le devant de la scène médiatique et de la mauvaise conscience occidentale, sans aller toutefois jusqu’à des actions autres que culturelles. Le symbolique comme effet de vérité, lui, s’est perdu dans le globish qu’on parle à Paris, dans les milieux branchés, comme à Davos, où l’élite est bien loin de celle qui avait inspiré à Thomas Mann sa Montagne magique, l’un des derniers grands romans européens. Cette Europe-là a été mise à mort par le relativisme culturel et le politiquement correct qui continuent de faire des ravages, en France, avec l’opposition à la republication scientifique des pamphlets de Céline et le refus de commémorer l’anniversaire de la naissance de Maurras : espérons cependant que les éditions Laffont ne suspendront pas la publication du volume consacré aux œuvres majeures du penseur nationaliste.

    Ce qui reste de la France relève donc de la muséification et de la disneylandisation, c’est-à-dire, encore une fois, de la prostitution. Le spectacle continue, néanmoins. Il est assuré, à Paris, par Jawad Bendaoud, le « logeur de Daech », qui ne se révèle pas seulement le Djamel Debbouze du jihadisme, mais comme un écrivain en puissance. Écoutez ce qui pourrait être un début de récit digne de Kafka ou de Walser : « J’ai vu un rat à ma fenêtre. Je le regarde, il me regarde. Je prends un morceau de fromage et lui, tranquille, il se met debout en mode “ Donne-moi, file-moi le fromage !” » Je ne plaisante pas : c’est parfait, du point du rythme comme des temps narratifs, avec l’ellipse du verbe « dire » remplacé par « en mode ». Autre exemple, cette fois pour la valeur hyperbolique de la métaphore : « Snoop Dog, il fait des soirées avec Ben Laden ? Est-ce que c’est possible ? Non, c’est impossible. » Et ceci : « C’est comme pêcher une baleine dans une piscine, c’est pas possible. » Voilà qui pourrait être enseigné dans les ateliers d’écriture des maisons d’éditions et des quotidiens qui prétendent apprendre aux imbéciles ce qui ne relève que de l’expérience personnelle.

    Pendant ce temps, l’Irlande prépare un référendum sur l’avortement dont la commission européenne espère qu’il sera positif. Ainsi tuera-t-on des enfants dans l’œuf, pendant qu’en France on découvre, encore une fois, que les vieillards sont toujours plus mal traités dans les Ehpad – ces hospices de vieillards qu’on a rebaptisés « établissements d’hébergement pour personnes âgées et dépendantes ».

    Life is out ! Avis à ceux qui auront échappé à l’avortement. Vous mourrez dans la solitude, la misère et la haine.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 30 janvier 2018)

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  • Les snipers de la semaine... (157)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Europe solidaire, Jean-Paul Baquiast allume Emmanuel Macron qui a déroulé le tapis rouge devant Google...

    Google en France. Merci Google.

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    - sur son blog Justice au singulier, Philippe Bilger dézingue la ministre de la culture, Françoise Nyssen, qui a fait retirer Charles Maurras du Livre des commémorations nationales...

    Vive notre ministre de la Censure !

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  • Alain de Benoist : « les grands médias ont toujours été les premiers à relayer les mensonges d’État »...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur le site de réinformation  Breizh info, dans lequel il revient notamment sur le projet de loi annoncé par Emmanuel Macron et destiné à lutter contre la diffusion des  fake news... Philosophe et essayiste, directeur de la revue Krisis et éditorialiste de la revue Éléments, Alain de Benoist vient de publier Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017) et Ce que penser veut dire (Rocher, 2017).

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    Alain de Benoist : « les grands médias ont toujours été les premiers à relayer les mensonges d’État »

    Breizh-info.com : Que vous inspirent les déclarations d’Emmanuel Macron sur le projet de loi contre les « fake news » ?

    Alain de Benoist : On pense évidemment à Orwell, mais on ne peut pas se borner à dénoncer les menaces supplémentaires que va faire peser sur la liberté d’expression la mise en œuvre de ce nouveau dispositif de censure. Il faut aussi s’interroger sur la notion même de fake news – de « fausse nouvelle » si l’on préfère la langue française au sabir américain. Or, Macron se révèle ici d’une étonnante naïveté, à moins qu’il ne s’agisse seulement de mauvaise foi.

    Il semble en effet s’imaginer que les « nouvelles » sont soit vraies, soit fausses. On aimerait que ce soit si simple ! En matière d’information, la vérité est qu’il n’y a pas de vérité (absolue). L’information objective n’existe pas : elle est toujours le reflet de la subjectivité de qui la fournit. Il y a seulement des journalistes qui s’efforcent d’être honnêtes, et d’autres qui ne le sont pas. A côté de la « fausse nouvelle » manifeste, relevant d’une véritable désinformation, une nouvelle peut être faussée, tronquée, biaisée. La place qu’on lui donne, la façon dont on rapporte les faits, les titres employés jouent également. Un exemple simple : quand la presse fait l’éloge de l’éditeur Paul Otchakovsky-Laurens, qui vient de mourir, en rappelant les noms des écrivains qu’il a lancés et soutenus, sans jamais citer celui de Renaud Camus, qui est l’auteur dont il a publié le plus grand nombre de livres, peut-on dire que l’information est objective ? Il y a des mensonges par omission.

    N’oublions pas non plus que les grands médias, qui se flattent aujourd’hui de « décoder » les fake news chez les autres, ont toujours été les premiers à relayer les mensonges d’État, des « armes de destruction massives » de Saddam Hussein jusqu’au prétendu « charnier » de Timisoara. Et que dire des délires antirusses qui feront bientôt attribuer à Poutine la responsabilité des dérèglements climatiques ?

    Dans une société normale, c’est au lecteur de se faire une opinion en lisant des choses contradictoires. On ne peut pas lui mâcher par avance la besogne en lui disant ce qui est digne de confiance (selon quels critères ?) et ce qui ne l’est pas. Ou bien alors, comme dans 1984, il faut tout de suite instituer un ministère de la Vérité – ce dont nous ne sommes d’ailleurs pas très loin. A l’heure où tant de nos contemporains s’emploient à ne pas voir ce qu’ils voient, on pourrait aussi s’interroger sur le statut du réel dans la société postmoderne. « Dans le monde réellement renversé, disait Guy Debord, le vrai est un moment du faux ».

    Comment la presse alternative devra-t-elle s’organiser selon vous demain, entre censure des réseaux sociaux et ce type de projets de loi ?

    Je lui fais confiance. Même dans les pires dictatures, on trouve toujours des moyens de contourner les obstacles. C’est la vieille histoire des fabricants de coffres-forts et des cambrioleurs : les systèmes de protection s’améliorent toujours plus, mais les techniques des perceurs de coffres s’améliorent aussi. Peut-être faudrait-il seulement que la « presse alternative » envisage de se renouveler un peu, pour ne pas se réduire à des commentaires, toujours les mêmes, sur des sujets qui sont toujours les mêmes aussi. Les choses les plus justes, quand elles sont mille fois répétées, finissent par ennuyer.

    Sur Internet et les réseaux sociaux, j’ai toujours été personnellement réservé. Ceux qui ont cru que la Toile allait offrir une « liberté totale » à l’« information alternative » ont à mon avis été trop optimistes. Les libertés incontestables offertes par Internet vont être de plus en plus encadrées, c’est-à-dire limitées. On s’apercevra alors qu’Internet est aussi le plus extraordinaire moyen que l’on ait jamais inventé pour surveiller, contrôler et fliquer.

    Le 1er janvier a vu la création de l’Assemblée territoriale de Corse, collectivité unique dirigée par les nationalistes. Quelle est votre analyse de ces élections de Corse ? Catalogne, Corse, Écosse… Est-ce le réveil de l’Europe des régions ?

    Je me réjouis de ce qui se passe en Corse, mais le « réveil de l’Europe des régions » me paraît assez problématique. D’abord, l’Europe des régions n’implique pas nécessairement le démantèlement des nations, qui sont aussi des réalités. Ensuite, l’analogie que l’on fait communément entre la Corse, la Catalogne, l’Écosse, la Flandre, et pourquoi pas le Kosovo, le Québec, le Kurdistan et le Tibet, est à mon sens assez superficielle. Sur place, les situations sont extrêmement différentes. En la matière, on ne peut donc s’en tenir à des déclarations de principe : il faut aller voir ce qu’il en est concrètement dans chaque cas. L’Espagne n’est pas non plus la Belgique, qui n’est pas le Canada ou la Yougoslavie.

    Et nous ne sommes plus non plus au XIXe siècle, à l’époque où l’indépendance garantissait le maintien de l’identité parce que les frontières étaient ce qui permettait le mieux aux peuples d’être présents à eux-mêmes. Aujourd’hui, les frontières n’arrêtent plus grand-chose : quelle que soit la langue que l’on parle, tout le monde vit plus ou moins de la même manière. Les régions qui subissaient naguère l’hégémonie d’une culture dominante nationale baignent aujourd’hui, comme les nations elles-mêmes, dans une culture de la marchandise qui excède toutes les frontières. L’indépendance, dans ces conditions, n’a plus la même signification qu’autrefois. C’est pourquoi je ne suis pas pour l’indépendance, mais pour l’autonomie.

    Le pape François n’a de cesse d’appeler les populations européennes à accueillir les migrants. N’est-ce pas finalement un message criminel vis-à-vis des populations européennes ?

    Les déclarations du pape François ne sont un problème que pour les chrétiens qui ne les approuvent pas. Ceux qui ne sont pas chrétiens y verront la confirmation qu’il ne faut pas compter, pour défendre son identité, sur une religion qui, face aux menaces, ne sait parler que d’amour, de repentance et de pardon.

    Le pape est dans son rôle quand il appelle à faire preuve d’esprit de charité devant la détresse et la souffrance humaines. Le problème est qu’il confond la morale publique et la morale privée. Pour le reste, il ne fait que prendre plus au sérieux que certains de ses prédécesseurs la vocation universaliste qui est inhérente à la religion dont il se réclame. Saint Paul le disait déjà : le peuple de Dieu ne se confond avec aucun peuple particulier. Tous les hommes sont frères, puisque tous fils du même Père. L’idée même de Dieu unique implique la notion d’humanité. Les autres distinctions, de peuples, de langues, de cultures, ne viennent qu’après – d’autant que le christianisme est aujourd’hui en train de devenir une religion du Tiers-monde.

    C’est évidemment ennuyeux pour ceux qui veulent faire des « racines chrétiennes » un repère identitaire, mais c’est ainsi.

    Qu’attendez-vous de cette année 2018 ?

    Qu’elle débouche le plus vite possible sur le XXIIe siècle !

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh infos, 8 janvier 2017)

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